CEREDA
LA PSYCHANALYSE AVEC LES ENFANTS
2011-2012 : L’enfant et l’énigme des mots
LA PSYCHANALYSE AVEC LES ENFANTS
2011-2012 : L’enfant et l’énigme des mots
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Inscrit dans la perspective de la deuxième Journée de l’Institut de l’Enfant qui aura lieu en 2013, notre groupe travaillera cette année autour des questions soulevées par l’argument de travail pour les groupes du CEREDA.
Un enfant, ce « chercheur infatigable » comme le qualifiait Freud, cherche des réponses aux énigmes qui se posent à lui, énigmes prenant la forme de questions sur ce qu’il est.
Ces questions qui n’attendent certainement pas la réponse « je suis un enfant »1, comme nous le rappelle J. Lacan, creusent fondamentalement son rapport au langage. Il n’est pas un enfant, parcequ’il est d’abord objet et ensuite, non sans aléas parfois, sujet de plein exercice : celui de la parole. Ces questions dont aucune réponse ne peut le satisfaire, suscitent sa curiosité, que nous entendons comme « avidité curieuse ». Il se découvre alors, fondamentalement, « l’incapacité à saisir ce que veut dire qu’il y ait des mots »2. C’est pourquoi à chacune des expériences qu’il rencontre, il ne tire nul autre apprentissage que celui qui le confronte à quelqu’un qui va lui faire tout un discours. Alors, « l’enfant a beaucoup d’effort à faire pour entrer dans ce discours dont on le submerge. […] Oui l’enfant à naître est déjà de bout en bout cerné dans ce hamac de langage qui le reçoit et en même temps l’emprisonne. »3
Comme nous le rappelle J.-A. Miller, « L’enfant sait tout ce qu’il y a à savoir »4 c’est-à-dire qu’il sait entre autre ce que parler veut dire. Mais il bute, comme tout sujet, sur ce qu’il est comme être sexué et vivant. Il a à se construire une réponse, qui l’inscrira comme parlêtre dans une position sexuelle. C’est d’abord en tant qu’objet de fantasme qu’il s’avancera. Cette position fantasmatique deviendra une identification forte sur laquelle il devra céder pour retrouver « la langue de son désir ».
L’enfant bricole un savoir, apprend à se débrouiller avec les éléments du discours courant. A partir des énigmes auxquelles il a affaire, à la mesure de ses rencontres, il est soumis à l’opération signifiante et se trouve ainsi confronté au manque de l’Autre. Savoir, discours et identification se déclinent ainsi à partir de la question de savoir ce que veulent dire les mots. Les mots, énigmatiques et voraces, ne s’apprennent pas, car les signifiants sont avant tout reçus par l’enfant. C’est parce qu’il sait trop bien que les mots font entendre un au-delà de son dit que l’enfant ne peut plus prononcer ou entendre certains mots. L’analyste devra alors redonner chance à l’enfant de se ré-inscrire dans la langue de l’inconscient par l’articulation signifiante. Ainsi en jouant sur l’équivocité signifiante, en faisant entendre la jouissance en jeu, la partie de l’enfant pourra à nouveau se jouer.
C. Maugin
1 Lacan J., Le Séminaire, livre VIII, Le transfert, Paris, Seuil, 1991, p. 282.
2 Idem.
3 Lacan J., « Entretien à l’Express le 31 mai 1957 », L’Âne no 48, oct.-déc. 1991.
4 Miller J.-A., « Développement et structure dans la direction de la cure », Petite Girafe n°30, oct. 2009, p.7.