ÉTUDE DE LA PSYCHANALYSE
LES SOIRÉES D’ÉTUDE CLINIQUE 2010-2013 :
LA CLINIQUE ACTUELLE DES NÉVROSES
Le programme qui s’annonce pour les soirées cliniques des trois prochaines années a l’ambition de dire ce qu’est une névrose aujourd’hui.
La clinique contemporaine est le résultat d’une progressive homogénéisation des signes cliniques, tous situés sur un seul et même plan, celui qui est accessible à l’observation immédiate et susceptible d’une description simple. Les signes – anxiété ou douleur par exemple – peuvent être soumis à une quantification par l’introduction d’échelles de valeur. Il s’en déduit, par la réunion de deux ou trois critères, une série ouverte de troubles, dont le nombre dépasse à ce jour les quatre cents, selon les derniers manuels qui diffusent ces pratiques diagnostiques. Le trouble ainsi conçu est tautologique. Le trouble anxieux, par exemple, est défini par l’anxiété. L’objectif de cette approche descriptive est d’isoler un atome de trouble auquel on associera la molécule qui lui correspond, pour le faire disparaître. La même démarche empirique permettra de vérifier la disparition du trouble et par là le succès de la molécule.
Cette clinique égare les praticiens comme leurs patients, parce qu’elle fait perdre à tous le sens des symptômes. Nous nous trouvons actuellement dans la situation qu’a connue Freud à la fin du XIXe siècle, au début de sa recherche. Il se trouvait face à une clinique morcelée, caractérisée par un catalogue illimité de symptômes susceptible de s’enrichir au gré de nouvelles descriptions. Son premier effort théorique a été de structurer cet ensemble, en distinguant le champ des névroses de celui des psychoses et des perversions. Il a dans le même temps isolé, à l’intérieur des névroses, la névrose d’angoisse pour l’opposer à l’obsession et à l’hystérie.
Nous devons réemprunter cette voie freudienne pour retrouver dans la Babel de la clinique actuelle la langue de l’hystérie et son dialecte de l’obsession et de la phobie. Cette reconquête du champ de la névrose procédera à l’exemple de Freud.
La première année – 2010-2011 – s’attachera à restaurer le statut des symptômes dans la névrose. La seconde année – 2011-2012 – visera à distinguer la fonction du fantasme dans la genèse des symptômes névrotiques. Poursuivant selon la même logique freudienne le troisième temps de cette élaboration. La troisième année – 2012-2013 – nous conduira à cerner la source pulsionnelle des fantasmes dans les névroses.
Dans le graphe qu’il a tracé pour nous orienter dans l’abord du désir, Lacan a reconnu ces trois étapes obligées de la subversion du sujet. Le sujet est subverti par ses pulsions. Il se défend de ses pulsions par son fantasme, qui le subvertit aussi bien, alors qu’il croit s’en être rendu maitre. C’est ce dont témoigne le symptôme qui subvertit irrémédiablement le sujet. Ces trois bornes marquent le parcours du graphe.
J.-L. Gault