LA FONCTION DU FANTASME DANS LA GENÈSE DES SYMPTÔMES NÉVROTIQUES
La première année de ce cycle de recherche, Clinique actuelle des névroses, nous a permis de définir le statut des symptômes névrotiques. Nous avons pu saisir leurs fondements freudiens dans la logique de l’expérience clinique. Le premier argument de ce cycle indiquait que « l’entrée en analyse se fait par le symptôme », un symptôme qui bien souvent se présente dans les registres de la plainte, de la douleur et de la souffrance.
Par ailleurs, l’être parlant qui témoigne de son symptôme l’inscrit d’emblée dans son histoire et tente par diverses voies de l’expliquer. Se faisant, l’histoire du symptôme forme en quelque sorte l’histoire fantasmatique du patient.
Au début de sa découverte, Freud est amené à penser, à partir des rencontres avec ses patientes hystériques, que la cause de leurs symptômes est l’effet d’un attentat sexuel commis la plupart du temps par le père. Mais très vite, plusieurs points viennent invalider sa théorie en même temps que sa croyance en une réalité objective. C’est donc à partir de l’abandon de sa Neurotica que Freud introduit pour la première fois le registre du fantasme. Une fois introduit ce concept, il en repère la présence dans les névroses, ses incidences et sa fonction causale dans la genèse des symptômes.
Il s’agit d’une logique fantasmatique décrite dans un premier temps sous forme de petites histoires et de petites scénettes. Puis, Freud s’aperçoit de l’existence d’autres éléments internes au fantasme et présents dans ces petits romans subjectifs : en laissant courir la chaîne signifiante, il réussit à réduire le fantasme à un, voire plusieurs événements clés ayant laissé une trace dans l’histoire du sujet. Freud cherche à opérer cette réduction jusqu’à une matrice élémentaire – le fantasme fondamental – qui structure les différentes versions que le sujet construit par son désir de trouver la cause de ses symptômes. L’étude qu’il fait, dans son texte « Un enfant est battu », procède de cette opération de réduction, une réduction du fantasme à une phrase qui en est le support.
Freud s’inscrit donc dans une démarche épistémique tout comme l’est la direction de la cure. Cette démarche le conduit à découvrir qu’un lien unit deux éléments qui s’opposent, le symptôme et le fantasme : le symptôme fait souffrir alors que le fantasme révèle la part de satisfaction insupportable qu’il recèle pour le sujet. Lorsque les symptômes se manifestent, comme c’est le cas pour « l’homme aux rats », c’est qu’un événement est venu actualiser une réalité fantasmatique. La cure avec Freud vient mettre à jour cette réalité fantasmatique et met en évidence la cause libidinale dans les symptômes.