FREUD
ET
LES BERLINOIS,
PAR
LAURA SOKOLOWSKY
Presses universitaires de Rennes, 2013
LA PSYCHANALYSE POUR TOUS
À L’ORIGINE DES CENTRES DE CONSULTATIONS PSYCHANALYTIQUES
À Nantes, le 16 mai 2013, à Nantes
Salle Jules Vallès, Médiathèque Jacques Demy, 24 quai de la Fosse, 21h.
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Le bureau de Nantes invite Laura Sokolowsky à l’occasion de la parution de son livre Freud et les Berlinois. C’est une grande chance que nous aurons de pouvoir discuter avec elle, d’un moment important du mouvement analytique.
« La psychanalyse naquit du refus de la suggestion : elle se distingue ainsi de la psychothérapie. Le seul pouvoir de la psychanalyse, en définitive, c’est le pouvoir de la parole, non pas celui du psychanalyste. » D’emblée la spécificité de la découverte de l’inconscient freudien met le psychanalyste dans une position très particulière. Il lui revient en effet d’avoir à s’adresser à l’opinion pour témoigner de la justesse de l’hypothèse qui soutient sa praxis. En effet, l’acte analytique a bien des effets, éventuellement thérapeutiques, mais ceux-ci ne peuvent pas s’apprécier par les méthodes habituelles du comptage, ni se référer aux connaissances admises dans le discours courant.
L’acte analytique ne renvoie qu’au désir du praticien en sa solitude car la psychanalyse ne peut être fondée que sur la découverte de l’inconscient.
Ni la respectabilité de la fonction ni la protection de l’institution ni même surtout la volonté thérapeutique ne peut fonder la praxis, le psychanalyste ne peut être qu’en porte à faux face au discours courant. Il rencontre ainsi nécessairement une résistance qui « provient de la méconnaissance, voire le rejet de l’excentration du savoir dans sa forme insu par rapport au moi et de sa maîtrise. »
Toutes les grandes questions, la formation du psychanalyste, les possibilités d’exercice, le travail en institution, la diffusion de la psychanalyse et même l’idée que la psychanalyse pourrait avoir une vertu préventive se sont trouvées posées dès l’origine et Freud s’est trouvé pris entre deux objectifs contradictoires – comment assurer l’avenir de la psychanalyse sans transiger sur les exigences qu’impose l’hypothèse de l’inconscient. Le réel de l’histoire allait bousculer tous les projets mis en place.
Laura Sokolowsky nous conte formidablement la grande histoire de l’entre deux guerres dans laquelle l’institut de Berlin fut balloté. Foyer de tous les espoirs et modèle pour la société psychanalytique naissante, il devint un gâchis, résultat de compromissions avec le pouvoir nazi. « Fallait il s’insérer dans la société en endossant le costume du thérapeute ? Dans un tel contexte comment la psychanalyse aurait-elle pu se développer sans être absorbée par les idéaux et par les maîtres mots d’un discours étranger au sien ? ». Eclairées par un déchiffrement rigoureux et précis des événements entre 1918 et 1933, ces questions livrent leur poids de réel et interrogent notre actualité. Loin de se cantonner à un domaine du passé elles renvoient à une actualité toujours brulante. C’est tout le mérite de ce livre dont la lecture est un bonheur, de pouvoir susciter le débat sur l’existence de la psychanalyse dans notre société contemporaine.
Remi Lestien